mardi 1 janvier 2008

L'amour au temps du choléra

La critique n'est pas aisée, parce que je n'ai pas lu le roman ; et pourtant, mes autres lectures de Garcia Marquez me font deviner la difficulté d'adapter au cinéma un auteur aussi monumental et de si grandes fresques romanesques (je ne sais pas si on s'est déjà risqué à adapter Cent ans de solitude) qui s'étendent souvent sur plusieurs générations, posant un problème simple mais jamais vraiment résolu : comment représenter le même personnage à vingt ans et à soixante-dix ? Je n'aime pas voir travestir en vieillards des acteurs jeunes, dont la jeunesse rayonne malgré tous les artifices, le maquillage, la perruque grise. La très belle Giovanna Mezzogiorno (Fermina) n'est pas très crédible en vieille dame, ce qui m'a gâché la fin du film. En revanche, le personnage de Florentino est joué successivement par deux acteurs ; à partir de trente ans environ, c'est Javier Bardem qui l'incarne, et qui, lui, passe beaucoup mieux en vieillard amoureux.
Mais ces détails auraient été secondaires si j'avais vraiment aimé dans le film. La naïveté (la bêtise?) du jeune Florentino m'a gênée au début, j'ai failli quitter la salle de peur de m'ennuyer devant cette histoire sirupeuse d'amour contrarié. Je me demande si Garcia Marquez a autant caricaturé ses personnages, s'il a autant forcé le trait (notamment pour le père de Fermina, marchand brutal et inculte, au sourire sadique). J'ai détesté Florentino, un peu à cause de Javier Bardem, que j'avais vu dans un rôle peu flatteur (dans Les fantômes de Goya : prêtre lubrique, puis vil opportuniste sous la révolution puis l'Empire); de plus, on ne sait que penser de ce personnage qui jure un amour éternel à Fermina à vingt ans puis qui passe sa vie à coucher avec d'autres femmes, parce que c'est le seul remède à sa douleur : il inspire au mieux de la pitié. Le mari de Fermina, Juvenal (joué par le très séduisant Benjamin Bratt) est plus nuancé et plus intéressant : il a ses défauts (il vit dans les jupes de sa mère, il trompe sa femme), mais il aime sincèrement Fermina, qui estime à sa mort qu'il a été un bon mari. C'est encore le personnage de Fermina qui, pour moi, s'en sort le mieux et sauve le film : femme belle, intelligente et forte qui estime les autres personnages à leur juste valeur et qui rend finalement hommage à Florentino, malgré ses ridicules, pour sa fidélité de coeur tout au long de leur vie.

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