lundi 19 mars 2007

Docet omnia

J'ai découvert récemment, et avec beaucoup de joie, que le Collège de France proposait, sur son site, de nombreux cours à podcaster :
http://www.college-de-france.fr/default/EN/all/college/index.htm
Initiative dont on ne peut que se réjouir, parce qu'elle donne un accès direct aux réflexions de savants de pointure internationale, dans des domaines aussi divers que la littérature, la philosophie, l'histoire, l'ethnologie, la médecine, la biologie, la chimie, les mathématiques, et j'en passe - champs d'investigation représentatifs de cette institution qui ne se veut ni université ni école ; non diplomante, mais "cultivante" et gratuite, notamment par le moyen de ces podcasts. Le site du Collège met l'accent sur la transmission d'un "savoir en train de se faire". En réalité cela n'a rien d'original, c'est tout bonnement une optique de recherche et c'est aussi ce qu'est censée proposer toute université qui se respecte, du moins à partir du niveau Master.
Je suis assez frappée par la différence entre le Collège et sa vieille voisine et rivale, la Sorbonne, qui, quand François Ier créait le "Collège Royal" sur les conseils de Guillaume Budé pour enseigner des matières jusqu'alors ignorées, comme le grec ou la médecine, se caractérisait encore par une fermeture d'esprit toute scolastique - c'était après tout une faculté de théologie, et l'image que j'en ai est celle que véhiculent les romans de Rabelais et dont je ne peux me défaire (les "Sorbonnagres" qui font apprendre à Gargantua des livres par coeur et à l'envers). Evidemment, cette différence ne s'exprime plus aujourd'hui en ces termes ; toutefois, si le Collège s'est montré plus moderne à l'origine, il me semble qu'aujourd'hui encore il est en avance sur la Sorbonne : en témoignent ces podcasts. Evidemment, on ne peut pas honnêtement comparer un établissement gratuit comme le Collège avec une université qui fait payer des droits d'inscription (ce qui est tout à fait normal) et qui donc n'a pas intérêt à publier les cours et les savoirs qu'elle dispense à d'autres qu'aux inscrits. Le vieil antagonisme Paris/province joue peut-être aussi là-dedans : je garde en mémoire l'attitude détestable des agrégatifs parisiens lors des colloques auxquels nous autres provinciens venions assister, et de remarques sur l'illégitimité de notre présence, assorties d'un certain mépris (de toute façon, nous ne pouvions prétendre au concours...). J'ai l'impression qu'avec ces podcasts du Collège de France, c'est une sorte de générosité du savoir qui s'exprime, là où la Sorbonne fait preuve d'élitisme voire de mesquinerie.